Bon... dimanche après midi... au calme... je me pose....
Beaucoup lu de choses sur ce sujet, beaucoup de sottises humoristiques, et j'y ai largement participé.
Mais ça (çà) me démange de rendre le déba(â)t un peu plus large
(thank you Waterwolf)Plutôt que de faire un 'copier-coller' de texte trouvé ici ou là (comme je l'ai fait moi aussi, d'ailleurs), là je préfère écrire ce que je pense, sur ce sujet qui me passionne car c'est ma vie professionnelle, et m'exprimer du fond du coeur...
Si mes dissertations vous ennuient, arrêtez de lire, et passez tout de suite au Sujet "
comment reboulonner mes essuie-glaces sur une 941 S de 1919" ou bien "
Je montre ma petite culotte et j'aime çà"

d'ailleurs, vous m'y trouverez aussi, car tout m'intéresse. Mais ici, c'est autre chose...
J'ai pas mal lu, sur ce sujet (et je l'ai écrit aussi) cette notion de "nivellement par le bas". Je vais y revenir un moment, si vous le voulez bien.
La langue est la base même de la civilisation. Il y a bien 100.000 ans que les humains ont inventé cette pratique qui a été cruciale pour développer notre espèce comme espèce dominante. Les mouvements de populations (je pourrais faire tout un sujet sur ce thème passionnant) ont ensuite causé des évolutions au fil des millénaires, pour déboucher sur au moins 5000 langues différentes, sur terre, de nos jours.
Notre langue française est riche de son héritage largement (mais pas exclusivement) latin. Elle nous sert à communiquer, à décrire mais son utilisation va bien au-delà de ces fonctions basiques. Ecrite ou parlée, elle nous sert aussi à juger les gens (ce qui est bien utile) mais aussi à les classer (ce qui est plus dangereux). "Classer", c'est mettre dans des classes, hiérarchiser. Gros risque de dérapage, là...
Risque de juger tel ou tel comme étant supérieur ou inférieur à cause de son utilisation de tel ou tel vocabulaire, ou orthographe. Cela, c'est mortifère , pour une société démocratique. J'ai passé les deux tiers de ma vie professionnelle dans l'enseignement parce que je croyais viscéralement que les chances de tous doivent être les mêmes, que dis-je, sont les mêmes , dès lors que la même éducation leur est donnée.
Angélisme de gauche? Oui, d'accord. Et je reconnais que j'ai été déçu, découragé et même dégoûté, après un certain nombre d'années... et que je me suis tourné davantage vers mon propre avenir, mon propre intérêt, ma propre famille.
Mais si j'ai été déçu, ce ne fut pas par les enfants, les adolescents, cette merveilleuse 'pâte à modeler' qui est sous notre responsabilité d'adultes, et à qui on peut inculquer ce que nous avons reçu, pour en faire des adultes civilisés, éduqués et responsables. J'ai élevé 4 enfants, j'ai adoré ce "passage de relai", et je sais que çà marche... Nous en avons un bon exemple ici: regardez une minute la photo du "Membre du mois" ! Elle se passe de commentaire... l'amour et la complicité père et fils. Cela devrait toujours être comme çà.
Non, ce qui m'a déçu, au long de ma vie, c'est la destruction progressive mais inéluctable du tissu de notre société: des parents démobilisés qui "font" des enfants (un peu comme on "fait une quiche", ou on "fait une vidange"), et se déchargent ensuite de toute responsabilité sur l'Ecole (au sens large et noble du vocable) , sans faire aucun effort pour inculquer à leur enfant des valeurs de respect, d'obéissance et de courtoisie à l'égard de ""l'autre"".
AH, NOM DE DIEU ! J'ai prononcé le mot scandaleux et inacceptable au 20ème/21ème siècles... l'horreur absolue > le mot "
l'obéissance", accompagné de son complice diabolique... "
la discipline".
Des valeurs anachroniques, dépassées, des idées révolues... Maintenant, on laisse son enfant "s'exprimer"!!! Hé hé hé, facile...
On le laisse s'exprimer, c'est-à-dire >> crier, interrompre tout le monde quand il veut dire quelque chose, se comporter de manière agressive dès qu'il/elle est contrarié(e),
rejeter toute contrainte, refuser tout conseil, tout reproche en hurlant car il sait que le "parent" ou l'enseignant est, de nos jours faible, et inquiet de passer pour un fasciste autoritaire.
Le résultat est une situation pratiquement intenable à l'Ecole, car au moindre reproche, l'enseignant risque la violence physique des parents, ou même de l'élève lui-même. IMPOSSIBLE, dans ces conditions, d'enseigner correctement.
Evidemment; après deux ou trois générations élevées de cette manière, une partie de la population ne sait plus écrire ni parler correctement, et le plus simple est de dire "ah, vous savez, une langue, c'est vivant, çà évolue..." , une des excuses que j'ai entendues cette semaine dans la bouche d'une enseignante (et cliente). Elle remplissait un chèque (ben oui) et me demandait si dans l'expression "quatre cent(s) Euros", il fallait mettre un "S" à cent, ou pas. Les bras m'en sont tombés car cette dame est chargée de l'éducation de vos enfants (les miens, çà va, c'est fini).
Ceci dit, j'ai récemment entendu la Ministre de l'Education Nationale faire des fautes de français en s'exprimant à la radio... alors...
La langue évolue dans le temps, certes et c'est parfaitement normal... mais le mal est ailleurs. On parle de la réforme de l'orthographe, moi je parle de la réforme de la société. J'ai souligné "rejeter toute contrainte", plus haut, car c'est cela, le mal qui nous ronge. L'expression 'rejeter toute contrainte', c'est la manière polie de cracher sur la société, les autres, et aussi sur toutes les règles qui nous permettent de vivre ensemble sans nous entre-massacrer. C'est l'excuse parfaite pour le choix de la facilité... le mal le plus insidieux de notre siècle. Plus d'effort, le moins de travail possible, et chercher toujours à accuser "les autres" de ses problèmes (les parents, le prof, le patron, le gouvernement)
Je fais ici amende honorable auprès des représentants de l'ordre, que je brocarde régulièrement pour leur soi-disant limites intellectuelles, mais qui sont évidemment indispensables à toute société démocratique évoluée. Aujourd'hui, je suis sérieux.
La Réforme de l'Orthographe est un leurre, une astuce pour ne pas parler du vrai sujet qui fâche, la remise en forme de la société.
Et ne me dites pas que je parle comme les extrémistes (de droite ou de gauche, je m'en moque). Les extrémistes et les autocraties qu'ils génèrent, de Hitler à Pinochet, de Néron à Poutine, n'ont pas, et n'ont jamais eu les solutions. Ils ont tous échoué. Je vomis les extémistes. Seule la Démocratie, au sens le plus noble et étymologique du terme, peut être la bonne voie.
Alors, allez voter, et écrivez
éléphant et
hypophyse et
orthographe comme vous voulez... on s'en moque.
Ne laissez pas votre attention être détournée des vrais problèmes.
Bon, d'accord, j'arrête. Mais çà m'a soulagé de le dire...
"
Chers auditeurs, nous reprenons le cours de nos émissions normales"
Ah non...
Voici un dessin qui résume tout ce que je viens de dire.
Vous trouvez que tout va mal?
Regardez ce dessin !!!
Il explique TOUT !